Depuis l’aube des temps, maintenir et multiplier la vie a été le besoin primordial de l’homme. Pour une culture d’origine agricole, ces deux aspects sont doublement importants. Pour maintenir la vie, il faut que les récoltes soient abondantes. Pour la développer, il faut que l’homme se multiplie. Dans le type de culture, les deux concepts : produire du riz pour maintenir la vie et produire des hommes pour maintenir l’espèce sont de même nature. C’est l’alliance de deux éléments de natures différentes ( la terre et le ciel, le père et la mère).
À partir d’une réalité unique, le cheminement de la pensée de l’autochtone de l’Australasie a suivi deux directions : les esprits les plus aigus ont recherché des explications logiques pour expliquer la réalité et sont parvenus à édifier la philosophie Yin-Yang. Les esprits plus populaires y voient une force surnaturelle qu’ils vénèrent comme des dieux ou des génies, et le résultat est l’apparition d’un culte de la fécondité. Au Vietnam, ce culte a perduré tout le long de l’histoire et peut revêtir deux formes pratiques : vénération des organes sexuels mâle et femelle et culte de l’acte sexuel.
Le culte des organes sexuels mâle et femelle est appelé culte du sinh thuc khi( esprit de la reproduction). C’est la forme la plus simple du culte de la fécondité, répandue dans toutes les cultures agricoles du monde. Cependant, quand de nombreux peuples n’adoraient qu’un seul organe, soit mâle, soit femelle, traditionnellement, les vietnamiens et tous les peuples qui sont très marqués par la philosophie Yin-Yang vénèrent les deux.
Des figures masculines et féminines avec des organes sexuels bien nets ont été retrouvés sur des sculptures de pierre de plusieurs millénaires avant J-C, des dessins gravés sur d’antiques blocs de pierre dans la vallée de Sa Pa. La décoration des maisons funéraines des Hauts-Plateaux du Tay Nguyen comporte souvent des figurines mâles et femelles avec des organes bien visibles.
À la fête villageoise de Dong Ky dans la province de Bac Ninh, il y a la procession traditionnelle des sexes (en bois), le 6è jour du premier mois de l’année. À la fin de la procession, on brule les deux objets et les cendres sont partagées entre tous les habitants pour porter chance. D’après les anciens, chaque fois qu’on passe outre la tradition, il arrive toujours des choses néfastes au village.
Dans des autres provinces du Nord, lors des fêtes villageoises, on organisait la procession des 36 apparats masculins et féminins et à l’issue de la fête, les gens se disputaient pour en ramener un, car on croyait que cela apportera l’abondance toute l’année.